Hôtel des Vieux Aigles by Claude Rank

Auteur:Claude Rank [Rank, Claude]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Espionnage
ISBN: 9782265131477
Éditeur: Fleuve Noir
Publié: 1980-01-02T00:00:00+00:00

L’ESCADRE ROUGE

Le premier avion pour Bangkok, destiné à évacuer les deux Canadiens témoins gênants ne partait qu’au matin suivant à 6 h 45, et par ailleurs nous jugions la Sudète encore insuffisamment « mûre ». Cogee alla s’occuper des premières tractations avec les jeunes Québécois ; ils étaient de Trois-Rivières, pays de Sandra ; étincelles, si elle avait été là, entre eux...

Dex partit pour le consulat de France, je passai la journée à étudier avec soin les providentiels papiers récupérés grâce à Cogee, et ce dernier vint me retrouver dans l’espèce de petite cellule monacale aux parois constellées de traces de punaises écrasées qu’il m’avait attribuée, au second.

—... Ils sont à peu près décidés, mon colonel. Mais ils veulent une partie du fric avant de quitter l’hôtel. Ils ont l’air de croire qu’on veut leur monter un sale coup.

— Si le consulat ne crache rien tout de suite, comme c’est probable, nous avancerons l’argent. Et pour l’enfant ?

— Je l’ai ramené à Raja Sarat, son protecteur. Il dit qu’il n’y a rien à craindre, que Cossi, c’est le nom de son expert en langues, se taira. Mais... enfin...

— Il veut également du fric ?

— Ouais... Mais je le trouve bizarre... Enfin, histoire de calmer les malédictions divines, qu’il dit, dieu-Bien Mazdah-machin, dieu-Mal, le sale Ahriman, il veut 10 000 roupies... Il faut qu’il mette aussi avec au vert son cracheur-lécheur, quelque part dans le nord.

— 5 000 francs, on s’en tire bien. Il les aura... Cogee s’éloignait, je le retins par un bout de sa manche crasseuse.

« On n’a aucune idée sur la façon... les raisons surtout, pour lesquelles on a égorgé sa mère ?

Il demeura silencieux et buté pendant un long moment, fixant les traces de punaises.

— Tant qu’on n’en aura pas sans doute sur la façon dont est morte la petite qui se trouvait avec l’Estonien...

— Ouais. Merci, Cogee.

— Voulez-vous que je tente de rafistoler le climatiseur ?

— C’est pas la peine... Je travaillais torse nu, pieds prudemment posés, sous une table, sur une chaise précautionneusement poussée là : le plancher était parcouru par de rapides cohortes d’énormes cafards noirs qui semblaient toujours fuir quelque chose ou partir à l’assaut.

— Vous boufferez avec nous ce soir, ou vous rentrez à votre palace ?

— Si vous nous invitez, on reste, Cogee. L’Hindustan International n’est pas très sain en ce moment... Flics de Lal Bazar et étranges bonshommes en veston de confection qui sentent Gorki s’y succèdent.

— A tout à l’heure.

Le soir, en notre honneur, c’est le prince Phoum Song qui fit la cuisine : truites à la laotienne farcies de piments et d’aubergines, soupe de nouilles du Mékong et riz gluant accompagné de lamelles de bœuf aux épices.

Nous étions tous à demi nus, Nash en slip, ruisselant, les autres tout autant en liquéfaction. Etrange ambiance. Il était question des vieux combats de jadis, d’embuscades et de double jeu, Nash, rigolard, nous apprenant, entre autres, les invraisemblables bagarres inter-Pentagone, sénateurs « anticoloniaux » menant les tractations pour armer secrètement le

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